Un vent d'Amérique souffle sur le ballet de l'Opéra de Paris: la première saison de Benjamin Millepied, ex-étoile du New York City Ballet, fait la part belle à George Balanchine, Jerome Robbins, William Forsythe.
QUESTION: La saison 2015/16 s'ouvre avec un gala, où vous proposez votre création et un ballet de George Balanchine, fondateur du New York City Ballet où vous avez fait vos classes, c'est un signe?
REPONSE: "C'était une évidence de présenter mes maîtres au programme d'ouverture. +Thème et Variations+ de George Balanchine est un des ballets les plus difficiles au répertoire, et par sa virtuosité, son classicisme, c'est pour moi un moyen de mettre la barre très haut dans l'ambition du ballet classique.
Quant à moi, j'ai besoin de créer: je ne vais pas être heureux si je passe tout mon temps dans les bureaux! Mon ballet, pour presque vingt danseurs, va être basé sur les danses de l'époque de Louis XIV. Le compositeur contemporain Nico Muhly reprend les sarabandes, la gigue, pour faire une oeuvre totalement moderne.
Boris Charmatz, Christopher Wheeldon (chorégraphe anglais de "An American in Paris"), Justin Peck viennent pour la première fois, c'est important de créer un répertoire d'aujourd'hui.
Il va y avoir des projets hors les murs. On prépare quelque chose avec le Palais de Tokyo, et on va aussi aller en région".
Q: Une de vos premières initiatives a été de changer les parquets de danse de l'Opéra Garnier, trop durs, grâce au mécénat pendant l'été. La santé des danseurs vous préoccupe?
R: "C'est simple: la médecine de la danse en France n'existe pas. Il y a plein de choses à faire sur la santé, la nutrition, on est en train de mettre en place un gros projet. Il y a toute une culture du corps à mettre en place: apprendre à s'occuper de son corps, soigner l'alimentation, et puis instaurer des horaires qui soient plus adaptés. Il y a une demi-heure de pause pour le déjeuner, on danse directement après, les journées sont très longues...
On sait combien de temps un danseur peut travailler, qu'il a besoin de pauses, d'aller se faire masser, on a déjà beaucoup plus d'heures de massages. Quelqu'un (la physiothérapeute américaine Michelle Rodriguez) est venu faire un bilan, et d'autres médecins viennent nous aider à mettre en place la santé à l'Opéra".
Q: Vous êtes très réservé sur des institutions comme le concours de promotion, quels sont vos projets?
R: "J'essaie de faire évoluer beaucoup de choses, c'est important pour les générations qui viennent. On n'est plus en 1830, il y a des choses qui datent de cette époque comme la hiérarchie, le concours de promotion, qui permet aux danseurs de monter en grade, les concours d'entrée. Ce concours de promotion n'existe nulle part ailleurs, et c'est difficile pour les danseurs, en plein milieu de saison. Il ne partira pas, ce concours, mais on va l'assouplir. On lance aussi une académie chorégraphique: cinq jeunes, dont deux de l'extérieur, vont suivre un cursus sur deux ans qui va les faire avancer plus vite".
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